The ugly duckling sometimes is white L'histoire de ma famille remonte à bien des générations, ma grand-mère prétend même qu'on avait des ancêtres à Salem, mais cette chasse aux sorcières tout le monde la connaît. Ce que la plupart des gens ignorent c'est qu'à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale, il y avait eu un autre feu, un feu ravageur qui détruisit entièrement Ivalo, terre de mes ancêtres, terre de mon coeur, ce jour-là beaucoup de personnes périrent sous le joug des Allemands. Devant cette scène, le peu de survivants de sorcier blanc de ma famille, dont ma grand-mère, changèrent de camp, l'envie de vengeance eut l'effet d'assombrir leur coeur. C'était la fin de la lignée blanche dans la famille Selvig, l'obscurité régnait en maître... Enfin jusqu'au jour de ma naissance.
Ivalo dans la Laponie Finlandaise, cette ville a été reconstruite à la fin de la guerre, plus aucune trace des horreurs qui s'y étaient produites et pourtant, ma famille ne semblait pas vouloir oublier, ce n'est pas comme-ci il n'y avait que ma grand-mère qui avait vécu cet événement. Il arrivait souvent à mes parents de sacrifier des Allemands, rien que pour assouvir une vengeance lointaine, le meurtre n'est pas tabou chez nous, mes deux grandes soeurs et mes deux petits frères admirent les victimes brûlées sur le bûcher, tandis que moi, même toute petite, je fermais les yeux. J'avais toujours été différente, tout ce qui leur paraissait normal, mais semblait immoral et pourtant, ma famille représente tout pour moi, je m'imaginais mal les quitter un jour.
Quand on ne passait pas notre temps à étudier la magie avec notre mère, on allait jouer dans la neige avec nos chiens de traîneau. On vit dans un coin d'Ivalo assez reculer, au bord de la rivière Ivalojoki et la voiture n'est pas le meilleur moyen de se déplacer. Bien entourée des miens, je restais la plus solitaire, n'ayant pas les mêmes passions que mes proches, pourtant personne ne semblait remarquer ma différence, hormis ma grand-mère, surement par peur de découvrir la vérité, si le jour de ma répartition, les iris de mes yeux devenaient vert clair, j'ignorais ce qu'il adviendrait de moi. Ma famille détestait les sorciers blancs autant que les Allemands et la peur de finir sur le bûcher familial me hantaient chaque nuit.
Cacher la réalité de mon âme n'était pas simple, à la place de montrer mon absence de cruauté, je détournais leur attention en leur montrant mes proprets en magie. Devenir une puissante sorcière semblait être le meilleur moyen de leur prouver que j'existais et sans me vanter, j'excellais, en même temps entre étudier ou torturer, le choix était vite fait. Je ne me débrouillais pas seulement en magie, mais aussi en science, apprendre les potions très jeunes fut un coup de pouce, cette matière était une passion surtout la biologie. Je m'amusais souvent à essayer de rassembler la science et la magie, voir ce qui différait entre les deux.
Dans ma tête, il n'y avait pas doute que je passerais ma vie à Ivago, ne voulant pas quitter mes beaux étés et mes hivers enneiger, mais surtout mes aurores boréales, un vrai paradis, mon paradis. Ce fut à mes seize ans, alors que mes deux sœurs avaient toutes les deux des iris dorés, que je réalisais qu'il fallait que je fasse quelque chose pour ne pas perdre tout cela. Demandant conseil à ma grand-mère, j'étais prête à tout accomplir, hormis la première chose qu'elle me proposa, le meurtre. J'avais deux ans pour assombrir mon âme et je suivis ses conseils, enfin du moins j'essayais du mieux que je pouvais. L'infidélité sans le moindre regret, cela me paraissait simple, je pris le premier mec croisé dans une soirée et trompais mon petit ami du moment, sauf que le mot sans le moindre regret ne semblait pas me convenir, j'étais tellement mal qu'il avait fallu que j'en parle à celui que j'aimais et que je me retrouve seule. Après, il y avait eu "le vol de télé", pas vraiment voler vu que je déposais de l'argent sur le comptoir après une hésitation, j'étais tout de même rentrer par effraction cela devait bien compter. Ensuite, noyer des petits chats, mais leurs petits yeux suppliants me firent fondre, je les remplaçais par des pierres et jeta le sac dans la rivière, ma grand-mère semblait fière de moi, si elle savait ! Il y eut encore beaucoup de petits défis de ce genre où je trouvais toujours le moyen d'échouer, même faire tomber mon petit frère sur un lac gelé me paraissait impossible.
Je me devais de pensée à une échappatoire, l'instinct de survie m'a fait prendre une grande décision, postuler à Columbia, grande université de New-York. Je ne pensais pas réellement être prise, même si mon directeur avait de grands espoirs, au moins je m'ouvrais petit à petit une porte de sortie loin de ma famille. Le jour de mes dix-huit ans, approchait, fort heureusement ma famille se trompait toujours dans la date de mon anniversaire, deux mois d'écart, rien que ça. Au moins il n'y aurait que ma grand-mère près de moi ce soir-là.
Minuit, la lune à son apogée, je faisais face à ma grand-mère tandis que mes Iris se changèrent. Je sus de suite en voyant son visage, la couleur qu'elles avaient prise, Vert clair, cela aurait dû être le plus beau jour de ma vie, les larmes coulèrent sur mes joues et ma grand-mère me prit dans ses bras, j'étais une sorcière blanche. Il n'y avait plus qu'un seul moyen, faire un acte qui tacherait mon âme à jamais, j'étais si désespérée que je pensais au meurtre, je n'étais pas prête de quitter les miens.
Le lendemain, je fis comme-ci de rien auprès de ma famille, comme-ci rien n'avait changé et cela me brisait le coeur à aux moindres de mes paroles, ma mère me donna une lettre, elle venait de Colombia. J'étais persuadée que c'était encore une mauvaise nouvelle et pourtant, non, j'étais acceptée. New-York représentait un moment de sursis, je pourrais cacher aux miens que je n'étais pas une sorcière noire et surtout tout faire pour les rejoindre à nouveau, une fois devenu une fille à leur image.
I'm gonna make a brand new start of it.
In old New York Une nouvelle vie s'offrait à moi, New-York était tellement différent de ma ville d'origine, je me trouvais bien loin du pays du Père Noël. Mon adaptation fut semée d’embûche, rien que les chauffeurs de taxi me donnaient des boutons, quelle bande de malpolis, il mériterait que je les empêche de respirer quelques secondes. Oui, je suis une élémentariste, j'arrive à contrôler les éléments, surtout l'air, mon petit dada à moi. D'un côté comme on peut- être aussi élémentariste en étant sorcier noir, c'était un bon moyen de garder le secret, le soir même de mes supposées dix-huit ans, mes parents m'ont appelé et je leur ai dit faire partie des sorciers noirs, monstrueux mensonge, mais cela était un moyen me protéger. Tous mes amis de New York pensent que je suis orpheline, je préférais éviter les questions sur ma famille. Comment expliquer qu'ils s'éclatent à faire bruler des Allemands sur un bucher ? Être devenu indépendante m'a fait réaliser à quel point je suis née dans une famille de malades.
Ma première année d'études se passa parfaitement bien, j'étais heureuse, j'adorais cet univers, une vie faite pour moi. Durant ma deuxième année, j'intégrais la résidence Hogan, un lieu plus paisible pour étudier et surtout plus adaptée pour m'installer un sanctuaire secret dans une des caves. J'avais hérité de l'ancien grimoire de ma grand-mère, un recueillement de potions et incantations de mes ancêtres, ceux qui se servaient de magie blanche. Mon sanctuaire me permettait de m'exercer à la magie en toute clandestinité, ce fut aussi cette année-là que je rencontrais Ash, une amie qui représenta très vite le mot famille pour moi, elle me rappelait tout ce que j'avais laissé à Ivalo, sans le côté obscur.
Même si je rêvais toujours de rejoindre ma famille et devenir une sorcière noire, mes études, mon boulot de Barmaid au Griffu et mes sorties entre amis me prenaient beaucoup trop de temps pour penser à un meurtre. Puis une nouvelle passion s'était éveillée en moi, comprendre les différentes espèces, j'étais fascinée par les créatures variées de New-York et surtout, je voulais savoir si la réponse du mal et du bien se trouvait dans les gênes, mon amour de la génétique naquit cette année-là.
Cela faisait à peu près trois ans que j'étudiais à Colombia sans retourner en Laponie, je trouvais toujours une bonne excuse pour ne pas pouvoir rentrer. Ce soir-là, alors que j'étais déjà en retard pour rejoindre mes amis à un week-end camping, je reçus un appel de ma mère et ce fut le choc, ma grand-mère était morte. Sans avoir le temps de prévenir Ash et les autres, je me précipitais à l'aéroport pour prendre le premier avion en direction de Finlande. Le retour dans ma ville natale me rappela tout ce que j'avais sacrifié pour me protéger, mes frères avaient bien grandi, le plus vieux était aussi devenu sorcier noir, il ne restait plus que le petit dernier, mais je ne doutais pas qu'il soit comme le reste de ma famille, vu son caractère....
L'enterrement fut d'une grande beauté, elle était réellement aimée de tous. Je m'en voulais de ne pas avoir été auprès d'elle durant ses derniers moments, mais mon père m'avoua qu'elle avait demandé de ne rien me dire, elle voulait surement me protéger, une flamme de lumière avait dû survivre à l'obscurité de son coeur. Pris par le deuil, ma famille ne me demanda pas de montrer mes iris, ni même combien de temps je comptais rester. Retournant dans ma chambre, rien n'avait bougé depuis mon départ, hormis une lettre qui se trouvait sur mon bureau, la mettant dans ma poche, je sortis pour admirer une aurore boréale et grâce à une flamme que je fis apparaître dans ma main, je pus lire la lettre qui m'était destinée. Elle venait de ma grand-mère et il était inscrit " accepte-toi tel que tu es ! " Les larmes furent les plus fortes, elle allait tellement me manquer et pour sceller cette promesse, je pris un couteau pour me couper la main et verser quelque goutte de sang sur le papier. Celle-ci s'évapora après une incantation.
Je pensais tous mes soucis derrière moi avant d'apprendre une nouvelle atroce à mon retour, il y avait eu un incident le soir du camping en forêt, mes amis s'étaient fait tuer, il n'y avait eu que deux survivants Ash et son copain. J'eus beau essayer de lui écrire, de lui rendre visite, elle ne me voulait plus me voir. Même si ça me blessait, c'était son choix et après ma dernière tentative, je n'eus plus de nouvelles d'elle. J'ai l'impression qu'à chaque période de ma vie, mes décisions me font perdre des êtres chers, mais il était temps que je me donne la chance de commencer une nouvelle vie, d'être une grande sorcière blanche née dans une famille de sorciers noirs.
I'm gonna live my life the way I want to J'avais obtenu ma licence de biologie et réussi le concours pour rester à Colombia pour le master. Il m'avait fallu du temps pour accepter d'avoir perdu des amis et ma grand-mère, mais au fil des mois, j'avais réussi à m'en remettre, me plongeant dans mes études, ne me laissant pas le moindre répit pour vraiment penser à eux. D'ailleurs, en parlant d'amie, il y avait eu une nouvelle dans la résidence, Harleen Chung, je l'avais déjà croisée plusieurs fois dans le bâtiment des sciences, on avait ce point-là en commun, comme le fait d'être des bosseuses. Je lui avais proposé de l'aider à emménager et étant voisine de palier, de fil en aiguille une vraie amitié est née.
J'obtins mon master et réussi à décrocher la place d'assistante du professeur de génétique de l'université, mon rêve était accompli, moi en doctorat de biologie. Il m'arrivait souvent, une fois mes cours auxquelles j'assistais, ainsi que ceux que je donnais à la place de mon chef de projet, de faire des expériences sur les germes que je récoltais sur les différentes créatures que je croisais dans mon travail de Barmaid. Cela ne me gênait pas d'accumuler deux boulots à la fois, même si je ne travaillais plus que le week-end au bar. L'argent venait vite à manquer quand on était étudiante.
Je pensais connaitre toutes les créatures du monde, avant de croiser une nouvelle espèce. C'était un soir, alors que je venais de finir de corriger des copies, je me dirigeais vers ma résidence et sans comprendre ce qu'il m'arrivait, on m'attaqua. Je sentais qu'on déchirait ma chaire, j'eus le réflexe de me servir de mes pouvoirs pour l'éjecter de moi, j'étais impressionnée par ses ongles longs et ses crocs, mais je n'eus pas la chance de l'observer davantage et tombai dans les pommes.
Je me réveillai à l'hôpital et retrouvais la créature près de moi, j'hésitais quelques secondes à appeler du secours, sauf qu'une lueur dans son regard me poussa à ne pas le faire. Certes, elle m'effrayait, mais mon instinct de scientifique voulait en connaitre davantage sur son espèce, les fées. Elle se présenta sous le nom de Lexie, celle-ci répondait à mes questions et me laissa même prélever des cheveux, de la salive... Enfin tout ce qui me servirait à découvrir les secrets de cette nouvelle espèce. J'étais tout excitée de cette nouvelle découverte, et même si je pouvais en parler à personne, j'étais plus que ravit d'être dans la confidence. À présent, il m'arrive souvent de voir Lexie, elle m'aide même à faire des expériences au labo de l'université.
Depuis quelques mois, il se passe des événements étranges pour la plupart des humains, même pour moi qui connais les secrets de ce monde, me retrouve surprise. Savoir pour la pluie de coeur me donne des frissons et surtout ses combats de rue. Je ne comprends pas ce qui pousse ces gens à commettre de telles atrocités, est-ce qu'on ne pourrait pas simplement vivre en harmonie, au lieu de se battre comme des chiffonniers. Je m'inquiète réellement, les chasseurs sont sur leurs gardes et j'ai vraiment peur qu'un jour, il m'attrape. New-York n'est plus un lieu sûr, autant pour les humains que pour nous, les personnes biologiquement différentes.