Le Fou Blanc & La Reine Noire

Ceci n’est pas l’histoire d’un être bon à qui il est arrivé de mauvaises choses. Shiloh n’est pas forcément né mauvais non plus, il a dû simplement s’adapter et se fondre à la perfection dans un système corrompu et salissant.  Il a appris à survivre. Il a dû marcher sur le corps de ses prédécesseurs et s’agripper au désespoir des autres pour s’élever au sommet de la chaîne alimentaire… Néanmoins, commençons par le début ! Le sorcier a vu le jour dans un bordel près du port. Un endroit miteux qui enrôlait surtout des étrangères qui ne parlaient pas encore assez bien la langue pour demander de l’aide. Sa mère était une prostituée venue d’Irlande, mais malgré sa chevelure rousse flamboyante et ses tâches de rousseurs, Shiloh irrita plutôt des traits physiques de son père. Un client de passage qui s’attacha à la chétive irlandaise pour une nuit, puis deux, puis trois… Il lui promettait la lune, mais surtout de lui donner une meilleure vie. Shiloh ne sut jamais vraiment si ses parents se furent aimés réellement où s’ils trouvaient dans les bras de l’autre une sorte de réconfort. D’ailleurs, il n’était pas le seul client qui se retrouvait dans le lit de la rouquine, même s’il payait bien. En tout cas, même en sachant l’Irlandaise enceinte de lui, il lui rendait encore visite et lui donnait un peu d’argent pour s’occuper du bébé. Sa mère lui racontait que son père était un homme marié dont la femme était gravement malade. Ils avaient prévu de s’enfuir ensemble suite à son décès, mais ce filou se retrouva derrière les barreaux avant de pouvoir remplir une seule de ses promesses. En grandissant, Shiloh continua de recevoir des lettres de ce père absent à chacun de ses anniversaires. Peut-être se sentait-il coupable de laisser son fils à la merci de ce monde cruel ?  

Entre temps, le gamin grandit dans les coulisses de ce monde remplit de musique, d’alcool et de luxure. Les patrons traitaient plutôt mal les filles, mais se gardaient un semblant de morale en laissant l’enfant vivre tranquillement. Shiloh ne connut pas la faim, car les prostitués le choyaient, surement en souvenir de leurs propres enfants laisser au pays natal. Sa mère finie par s’éteindre à cause d’une overdose de drogue, un produit qu’elle utilisait beaucoup depuis que son chéri était en prison. Ce deuil provoqua d’étrange changement sur la personnalité et sur les pouvoirs de Shiloh qui s’éveillèrent. Âgé d’une dizaine d’années, des phénomènes étranges commencèrent à se produire autour de lui. Des objets qui changeaient de place, des incendies accidentels lorsqu’il était en colère, on retrouvait des papillons de nuit partout dans sa chambre au matin, etc. On se mit à avoir peur de l’adolescent et à faire des plans pour le jeter à la rue, mais c’est alors qu’une des plus anciennes le pris sous son aile. Sybille Delatour, alias The Black Queen sur la scène, était une réfugiée haïtienne très appréciée pour ses courbes et son humour. Sa peau lisse et foncée ainsi que son accent lui donnaient une touche de charme presque maternelle. Elle était également une sorcière très puissante dont l’usage du vaudou en faisait trembler plus d’un dans l’établissement. Elle vendait ses charmes, mais aussi des sortilèges et des séances de divination pour ses clients. Sa réputation se faisait grâce au bouche à oreille dans les bas fonds de la ville. Certains la prenait au sérieux, d'autres pas. Sa spécialité était les malédictions et les poupées vaudou. Bref, Sybille venait de se trouver un apprenti…



La Reine Noire & Le Roi Blanc

Les années passèrent et Shiloh appris à maîtriser ses dons grâce aux enseignements de la reine noire ainsi que ses grimoires. Il l’aidait à préparer ses rituels et ses concoctions qu’elle vendait à ses clients. Un philtre d’amour par ci, un élixir par là. La moitié de leurs produits étaient de fausses potions, mais si vous y mettiez le prix, on vous donnait parfois un peu de vraies magies. Lors de ses seize ans, il dû apprendre à se rendre utile au bordel sinon il allait se faire mettre dehors. Il était encore trop jeune pour vendre son corps et, de toute façon, on ne donnait pas dans le trafic de mineurs ici. Alors, il se mit à tenir les comptes et à aller faire des achats en ville pour les filles. Grâce à la population multiculturelle du bordel, il apprit des brides de plusieurs langues dont une bonne maîtrise de l’anglais et du français sans parler de l’allemand, du russe, etc. Du coup, on le laissait se débrouiller avec un petit budget dans les rues. Il apprit à éviter certain quartier, à se battre avec les voyous et à éviter de se faire embêter par les dealers. Ce qu’il préférait néanmoins, c’était faire des courses au marché noir pour les sorciers. Il était le messager de Sybille, une mage noire qu’on respectait dans le milieu, et ainsi il se fit familier avec toute sorte de plantes et d’objet hétéroclite. En peu de temps, Shiloh fut un des rares qui connaissaient l’emplacement de ce marché secret et se fit un éventail de contacts dans le milieu. De toute façon, le sorcier n’avait pas envie de poursuivre ce mode de vie très longtemps aux crochets sordides du bordel. On le laissait s’occupait des comptes comme mentionné plus tôt. Petit à petit, le sorcier soutirait de l’argent et l’économisait pour son départ. Il se mit à avoir une bonne facilité à utiliser l’esprit humain et à le façonner à coup d’illusion. De ce fait, on ne remarqua pas son petit manège jusqu’à ce que le bordel déclare faillite sans raison apparente. Avant qu’on ne s’intéresse de trop près à son travail, il prit la fuite avec Sybille ainsi que son magot. En peu de temps, ils se retrouvèrent à New York.



Le Roi Noir & Les Pions Blancs

L’arrivée à la grosse pomme fut un plus simple que le reste de sa vie ne l’avait jamais été. Sibylle l’encouragea à faire des études, du moins, la base et il option son diplôme d’étude secondaire (collégiale) avant de partir à son compte. Il ne revit plus la mage noire depuis, mais restèrent en contact. Voyez-vous, Shiloh n’a jamais connu autre chose que le monde tordu du plaisir échangé contre de l’argent. C’était sa zone de confort, aussi, quand l’argent de son vol ne fut plus suffisant pour subvenir à ses besoins, il se mit à travailler comme escorte. Il n’en avait aucune honte et ses années à observer ce jeu vil de la séduction l’aida beaucoup. Bientôt, il se joignit à un club de strip-tease dans le Bronks et, comme il rapportait beaucoup d’argent, il gravit les échelons petit à petit. Ce lieu était loin d’être aussi infâme que le bordel de son enfance. C’est propre, l’ambiance est élégante et, en apparence, on ne fait que des prestations sur scène. Si on veut quelque chose de plus ''intime'', on demande Snake –Shiloh- et il vous arrange le coup avec une fille -ou homme- de votre choix dans les chambres du deuxième étage. À un moment, Snake se mis à viser plus haut et à vouloir se trouver à la place des patrons. Usant de ses pouvoirs d’illusion, il rendit ces derniers de plus en plus cinglés. Ils hurlaient la nuit en voyant des serpents qui apparaissaient dans leur tiroir, des fourmis leurs sortir des yeux et des cafards marcher sous leur peau... Un jour, les patrons disparurent. Un retrouvé mort de peur dans sa maison et l’autre noyé dans le fleuve. Snake avait un venin qui savait briser l’esprit du commun des mortels et il obtient aisément le contrôle du club par la suite.  Il dû également se familiariser avec un nouveau marché noir pour sorcier où il allait encore chercher quelques herbes pour des potions. Officiellement, Snake ne vend plus son corps, mais tout à un prix ! Il se laisse parfois tenter par l’appât du gain. Il choisit ses clients néanmoins, il ne se donne pas à n’importe qui !
La sélection est plus stratégique cette fois-ci…

C’est en déménageant dans son nouveau studio que le sorcier tomba sur la dernière lettre que lui avait envoyé son père avant sa fuite du bordel. C’était pour son vingt et unième anniversaire, mais il ne l’avait jamais ouverte. Ce serait sans doute la dernière qu’il recevrait, à moins de se donner la peine de lui faire parvenir son changement d’adresse, ce qu’il était plus ou moins motivé à faire. Cependant, plus sa lecture avançait et plus cette idée lui tentait. Entre les lignes écrites en patte de mouche, son paternel lui expliqua qu’il avait une demi-sœur quelque part. Une famille. Quel mot étrange ! Shiloh ne savait pas ce qu’était la famille et il vit alors une occasion d’en apprendre plus sur lui-même. Avait-il une meilleure place en ce monde que dans la lumière tamisée d’une maison close ? Lara Catheryne Whiteley, c’était le nom de sa demi-sœur. Peut-être pourrait-elle lui dire alors d’où il venait, pourquoi il avait ses pouvoirs, si elle en avait elle aussi, etc. Bref, Shiloh décide alors de rechercher activement la seule famille qui lui reste en ce bas monde…
Qui aurait cru que les deux jeunes gens se trouvaient dans la même ville au même moment ?