Brouillard. C'était le mort qui qualifiait au mieux l'état d'esprit de Harleen ce matin-là. La jeune femme avait beau se montrer très studieuse, elle avait découvert à New-York le plaisir de décompresser au cours de soirées étudiantes. Ce genre de fête comportait toujours un risque de dégénérer et c'était sans doute ce qui amusait le plus la native de Séoul. Dans la résidence universitaire qu'elle occupait, il s'organisait au minimum une à deux soirées par semaines et, parfois, la jolie chimiste s'y rendait. Ce fut le cas ce soir-là.


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La musique résonnait déjà depuis une bonne heure à l'étage du dessous lorsque Harleen prit la décision de faire un petit saut surprise à la fête. Bien sûr, il n'y avait nul besoin d'être invité à ce genre de soirée lorsque l'on était la voisine du dessus ! L'étudiante s'entendant très bien avec tout l'immeuble, elle ne se faisait jamais refouler quand elle s'incrustait dans les appartements sur-bondés de monde. Au contraire, elle y était toujours la bienvenue, ne serait-ce que pour le fait que, somme toute, elle ne s'y rendait que très rarement.

Jenny, l'étudiante qui avait organisé la soirée en question, n'y était pas allée de main morte. Ambiance tamisée, fumigènes, lumières saccadées multicolores ou encore lasers se reflétant sur une boule à facettes... La décoration était à couper le souffle ! Outre le buffet de pizza et de fûts de bière abondamment fourni, le petit détail qui annonçait cette soirée comme étant un événement magistral était sans doute la présence de néons UV et les provisions en peintures fluos de diverses couleurs que l'organisatrice distribuait allègrement à ses convives ! Ce fut dans ce contexte, le visage décoré de fleurs de cerisiers artistiquement peintes en rose fluo sur des tiges vertes phosphorescente serpentant le long de ses joues et de son cou par le petit ami de Jenny, que Harleen s'engouffra dans la foule et les fumigènes, happée par la musique au rythme entêtant. Cette soirée s'annonçait pleine de surprise...

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Surprise ! Harleen ouvrit les yeux sur un salon totalement saccagé. C'était bien la première fois qu'elle ne parvenait pas à regagner son lit après une fête ! La lumière l'éblouit durant quelques instants, puis les objets retrouvèrent leur forme... Enfin, les objets et les gens. Il y en avait un peu partout, tous assoupis : par terre, sur des chaises, sur les tables... Au moins l'humaine avait réussi à se sécuriser un coin du canapé ! Après l'ouverture des paupières vint le temps de la mise en mouvements. Harleen se sentait rouillée, signe que le divan n'était pas aussi confortable que cela, en fin de compte. Elle commença par remuer les doigts, puis voulut s'étirer le dos mais sa tentative rencontra un obstacle, et pas des moindres : un bras. Autour de ses épaules.

Doucement, la demoiselle tourna la tête en direction du propriétaire de ce bras et c'est alors que son regard se porta sur le visage endormi d'un parfait inconnu. Esquissant une grimace, Harley se dégagea de l'emprise de l'étudiant assoupi, ce qui ne réveilla pas ce dernier pour autant. La chimiste poussa un soupir, si certains souvenirs de la veille lui revenaient, il en manquait une bonne partie... Tant pis, ils reviendraient certainement au compte-goutte, comme c'était souvent le cas ! Leen décida de ne pas trop y penser, car c'était bien connu : plus on se concentrait sur une chose et moins on avait de chance de s'en rappeler. À la place, la physicienne tourna la tête de l'autre côté du canapé, réalisant ainsi que son inconfort venait certainement du fait qu'elle avait dormi dans le creux du milieu, et vit cette fois-ci un faciès qui lui était beaucoup plus familier : Tristan.

Esquissant un léger sourire, car il fallait bien avouer qu'il était mignon, Harleen détourna le regard pour se focaliser sur la cuisine ouverte qui lui faisait face, à quelques mètres de distance. « Bon, allons-y ! » murmura-t-elle pour se donner du courage, avant de prendre appui sur le canapé pour se lever. Une fois debout, elle demeura immobile durant quelques instants, juste le temps que la pièce cesse de tourner autour d'elle. Une fois stabilisée, la jeune femme se mit en route. Le sol collait à cause de l'alcool renversé qui le recouvrait. Elle devait éviter à la fois les débris de bouteilles et de nourriture et les étudiants assoupis sur le sol. Elle s'en sortait bien, jusqu'à ce que l'un des étudiants étalés par terre ne décide de bouger dans son sommeil pile au moment où la jeune femme parvenait à sa hauteur ! Ni une, ni deux, elle se prit les pieds dans le bras du mec en question, ce qui eut pour effet de faire grogner l'obstacle, même si cela ne suffit pas à le réveiller.

De son côté, Harleen était tout simplement en train de mouliner dans le vide avec ses bras dans l'espoir d'éviter la chute. Elle y parvint, en se rattrapant de justesse au guéridon qui se trouvait sur sa gauche, hélas le meuble émit tout de même un raclement sonore dans l'opération car le poids de Harley l'avait fait reculer de quelques centimètres. « Pfiou ! Désolée... » ne put s'empêcher d'ajouter la maladroite, ne réalisant pas que sa mésaventure venait de réveiller l'un de ses compagnons de fête...