« Ce que je veux, c'est me fuir moi-même et non te fuir toi ». Ces mots étaient ceux de mes adieux, je les ai prononcées à mon départ, à tous mes départs ... Quitter les personnes qu'on aime est si difficile que parfois, je me demande pourquoi nous devons le faire. On a tous une raison pour s'évader et la mienne m'est rappelée chaque jour que dieu fait. La première fois que cette phrase fut dite, j'ai cédé bien plus que ma maison. J'ai perdu l'amour de mon père, j'ai délaissé ma pauvre mère, j'ai abandonné mon pays et j'ai quitté mon époux. Ce fut difficile, mais nous avons tous les deux acceptés ce sacrifice. Il a dû renoncer à me garder près de lui pour le bonheur de notre enfant. J'ai toujours essayé de m'en convaincre, que c'était réellement cette raison qui l'avait poussé à nous laisser partir. Malheureusement, je savais qu'il l'avait fait pour servir sa propre ambition. Il refusait de perdre sa place auprès de mon père et cela était un motif convenable pour me quitter. Pourtant, je savais qu'il m'aimait, mais pas suffisamment pour me suivre dans cette trahison. Nous avions partagé tellement d'années ensembles et nous avions promis à l'un et l'autre, de passer le reste de notre vie côtes à côte, mais rien ne s'était passé comme prévu.

Beaucoup de personnes peuvent se venter d'avoir vécu plus d'une histoire d'amour et je fais partie de ses femmes qui ont eu cette chance. J'ai aimé mon soldat, bien plus que je ne l'aurais cru, mais pour la deuxième fois de ma vie, j'ai dû prononcer ces mêmes mots qui annonçaient qu'une seule chose, un au revoir. Ce jour-là, j'ai dû me séparer de mon héros. J'ai dû encore une fois me séparer d'un homme, mais avec lui, c'était différent, il voulait me suivre. Il l'aurait fait, mais on ne dit pas non à l'armée anglaise. Parfois, je voudrais avoir une autre vie, ne plus regarder sans cesse derrière moi, ne plus chercher à fuir ... Je voudrais ne pas être moi, mais cela signifierait que ma fille n'existerait pas et ça, ce n'est pas possible. Elle est le premier jour de ma vie et elle sera le dernier. Je ne regretterais aucun de mes choix tant que je la garderais saine et sauve. Naïla ne comprenait pas pourquoi nous devions partir de l'Angleterre, ni pourquoi l'homme qu'elle prenait alors pour son père devait partir en guerre, mais elle savait une chose, qu'elle ne risquait rien. Je lui avais menti, sur son origine, sur ma véritable identité et sur mes véritables raisons de quitter ce pays.


Nous étions toutes les deux assises dans l'avion, elle observait les nuages alors que moi, je m'efforçais à apprendre ma nouvelle identité. Je n'étais plus Lily Jones, j'étais aujourd'hui Fay Anderson. Si j'étais une nouvelle fois découverte, je devrais trouver un autre faussaire. Naïla pouvait garder son prénom, à près tout, c'était ma trace qu'ils avaient trouvée et non celle de ma fille. Pendant mon interminable fuite, j'avais déjà habité en Amérique, quelques mois, juste assez pour gagner de l'argent et venir en Angleterre. Il semblerait que je faisais demi-tour ... Nous volions depuis un certain temps maintenant et c'est avec anxiété que nous descendions sur la terre ferme. Je ne savais pas à quoi ressemblait le contact qui devait nous aider, ni son nom d'ailleurs. Je souriais à ma fille alors que j'étais totalement déboussolé. Personne ne pouvait m'aider à le trouver et personne semblait réellement le vouloir. Les Américains courraient dans de nombreuses directions, certains ne voulaient pas rater leurs avions et d'autres courraient pour rejoindre leurs familles. Une personne m'aida à prendre nos valises et se perdit dans la foule. C'était avec difficulté que nous atteignons la sortie de l'aéroport, je serrai fort la main de ma fille par peur de la perdre. J'étais en fin dehors à attendre que cet homme se manifeste, heureusement pour nous, la foule semblait se dissiper.

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Recevoir l'appel d'un homme qui lui avait jadis sauvé la vie sur le champ de bataille, lui fit une drôle d'impression. C'était un rappel à son passé qu'il avait laissé derrière lui, et même s'il gardait contact avec certains militaires surtout pour obtenir des informations ou demander des services, ce qui était une chose courante dans ce corps de métier, les connaissances pouvaient toujours resservir un jour et faisant partie du même monde, il était rare que l'autre refuse. Kyle fut surpris de se retrouver dans ce cas, le médecin militaire lui demanda un grand service, protéger sa femme et sa fille. Il ignorait dans quel pétrin il se trouvait, mais il lui devait bien et accepta sans réellement savoir dans quelle situation, il allait se retrouver. La seule chose qu'avait bien voulue lui dire son ancien collègue s'était qu'elle était en danger.

Kyle reçut une photo du couple et de sa fille dans la journée, et quelques heures plus tard, la ville, puis l'heure d'arrivée. Vu la formulation du message, il compris qu'elles arriveraient à l'aéroport. Sans attendre, il se débarrassera de toutes traces des missives. Il était peut-être un peu trop prudent, mais c'était ainsi qu'il avait été formaté. Les commandos de tireur d'élite agissaient toujours ainsi, enfin les meilleurs. Tout devait être prêt pour l'arrivée de la femme et de son enfant, il fit préparer un des appartements de son immeuble, préférant l'avoir près de chez lui pour une meilleure protection. Il ne savait pas réellement à quoi s'attendre, mais devait se préparer au pire. Dans son passé de commandant, il lui était déjà arrivé de faire disparaitre certaines personnes, surtout des témoins qui devaient recommencer leur vie loin de leur pays d'origine. Machinalement, il rangeait la famille de son ami dans cette catégorie et donc il devait redoubler de vigilance.

Le chasseur avait pris sa journée pour aller les chercher à l'aéroport de Washington, dix heures de route aller-retour. Grâce à sa place de chef, il n'eut pas besoin de donner de raison, il avait simplement dit à Mercy qu'une mère et sa fille allaient venir s'installer dans un des appartements. Il y avait très peu de locataires, Kyle ne voulant pas vivre auprès de n'importe qui, puis de toute façon, l'immeuble était tellement sécurisé qu'il fallait des personnes qui ne se posent pas trop de questions. Ayant l'habitude des longs trajets, il n'eut pas le temps de s'ennuyer sur la route, en même temps, se retrouver seule lui faisait du plus grand bien, pour une fois, il ressemblait à tout être humain normal qui va chercher quelqu'un à l'aéroport, bien sûr quelqu'un de normal dans l'armée. Tout le monde ne se retrouverait pas armé jusqu'aux en dents et prêt à faire une surveillance du parking pour voir si personne ne les suivait.


Enfilant une casquette et des lunettes de soleil, il acheta un magasin et s'installa à une place stratégique. Elles devaient arriver dans trente minutes et il préférait vérifier que tout allait bien, il les remarqua bien parmi tous les Américains qui se pressaient, mais il ne fut aucun pas vers elle, observant tout ce qui se passait autour d'elle. Quand il fut sûr que personne ne les suivait, il se dirigea vers elles.

- Bonsoir, j'ai vérifié, personne ne vous suis.

Il était facile d'apercevoir que le jeune homme avait l'habitude de ce genre de situation, après avoir souri à l'enfant, il annonça :

- Je vais prendre les valises. Je suis garé juste là.

Sans leur laisser de temps de réagir, il prit les valises et se dirigea vers sa voiture pour y installer la valise et leur fait signe qu'elles pouvaient s'installer. Le chef de l'Oracculum avait pris sa belle voiture et avait tout de même penser au siège auto pour la petite.

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